« L'expression la plus simple du nationalisme est la défense de la Terre et du Sang.
Quel homme digne de ce nom ne défendrait pas sa famille ni son habitat ?
Alors le nationalisme étend cette vision de la famille à son peuple et celui de son habitat à sa nation ! »

mercredi 11 avril 2012

François Brigneau - La prise de la Bastille



Contrairement à ce que croit la majorité des Français, le 14 juillet n’est pas la fête de la France. En choisissant cette date anniversaire de la prise ou, plus exactement, de la surprise de la Bastille, le Nouveau Régime ne fête que son imposture originelle. Il célèbre une falsification historique. Il glorifie les crimes de guerre civile.

La Bastille n’était pas le symbole de l’oppression judiciaire qu’en ont fait les historiens de la République. Elle servait peu, et rarement contre le peuple. De 1782 à 1789 on n’y compta, en moyenne, que douze prisonniers par an, tous ou presque nobles ou bourgeois. Le 14 juillet 1789 il ne s’en trouvait que sept : quatre escrocs à la fausse lettre de change ; un Irlandais enfermé pour démence depuis sept ans ; un autre fou, embastillé depuis 1759, et le comte de Soulages que son père fit incarcérer pour “crimes atroces et notoires”.

A l’origine, la Bastille était une des portes, la porte Saint-Antoine, chargées de défendre Paris. Huit tours rondes, hautes de quatre et cinq étages, en faisaient une forteresse. Devenue prison, elle conserva son gouverneur et sa garnison. En 1789, celle-ci était forte de 127 hommes, occupés surtout aux services. Quinze canons, placés au faîte des tours, servaient à tirer des salves et ne pouvaient braquer en bas. Placées à l’entrée, trois pièces de campagne rappelaient la vocation première de la Bastille. Enfin, ne l’oublions pas, la troupe disposait de douze fusils de rempart, du modèle dit “amusettes du comte de Saxe”. Malheureusement six d’entre eux avaient rendu l’âme. Bref, rien qui pût inspirer une haine farouche entraînant l’insurrection.

La Bastille comptait si peu dans le système répressif du gouvernement du roi que sa démolition était décidée. Le sieur Corbet, inspecteur de la Ville de Paris, avait déjà dressé le plan de la place Louis XVI qui devait lui succéder. On peut le voir au musée Carnavalet.

Lors de l’assaut, dont l’héroïsme continue, après deux siècles, à faire l’admiration des foules, la puissance de feu de la garnison ne s’exprima que par un seul coup de canon. Il n’y eut pratiquement pas de combat. Beaucoup d’assaillants succombèrent en tombant dans les fossés, poussés par l’enthousiasme et la boisson. D’autres se tuèrent par maladresse. La Bastille se rendit quand les canons de l’émeute furent pointés sur la porte d’entrée. Croyant à la promesse qu’il ne serait fait aucun mal à la garnison, M. de Launay, le gouverneur, donna les clés du petit pont-levis.

Aussitôt c’est la ruée. La populace envahit la cour intérieure. Deux invalides – soldats que l’âge et les blessures ont rendu inaptes aux armes – sont tués. L’un est transpercé de coups de sabres et de piques. L’autre est pendu. Trois officiers sont assassinés. Dans le mouvement, la meute hurlante entraîne M. de Launay vers l’Hôtel de Ville. J’ai toujours une pensée émue pour lui quand je vais manger des solettes et boire une bouteille de chablis au “Dôme Bastille”. C’est à qui lui portera des coups de poings, de pieds, de bâtons, de crosses, de piques. Le malheureux perd son sang par vingt blessures. Le sang excite toujours la canaille. Un patriote, encore plus patriote que les autres, prend son courage à deux mains. Il lui décolle la tête du tronc, l’embroche à la pointe d’une pique et la montre à la foule, dans les clameurs.

Trois jours durant, la tête de ce pauvre M. de Launay fut promenée dans Paris, au-dessus d’un écriteau où l’on pouvait lire “M. de Launay, gouverneur de la Bastille, traître et parjure au Peuple”. En 1989, au cours des festivals du Bicentenaire, on se demande pourquoi nous n’avons pas eu droit à la reconstitution de cet épisode. Les intermittents du spectacle n’auraient pas fait grève. En émeutiers, ils auraient montré une sincérité bouleversante.

Convenons cependant qu’il n’y avait pas de quoi faire une fête nationale.

François Brigneau


Source :
Novopress

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