Voyez vous même les références artistiques de nos élites |
Ça n'est pas de l'art contemporain, c'est de l'art de marché. C'est même une destruction de la question artistique. L'art contemporain réalise un des rêves du capitalisme, qui est de fabriquer de la valeur sans fabriquer de la richesse. Des installations minimalistes, deux bouts de machin posés sur un bout de truc qui valent immédiatement des sommes complètement délirantes, ça permet de montrer qu'on peut fabriquer de l'argent en éliminant complètement le travail humain, en se passant de nous. Ce n'est plus du tout l'œuvre qui est au centre, l'œuvre n'est plus que le support d'un marché, pour que des gens comme François Pinault défiscalisent leur pognon. Là où ça devient problématique, c'est que pour que François Pinault puisse défiscaliser ses impôts sur deux bouts de moquette collés face-à-face, il faut que ça soit garantit par l'État, il faut qu'il y ait de l'argent public qui soit mis là-dessus.
[...]
Qu'est-ce qu'il faut pour avoir un marché de l'art? Trois choses : des millionnaires, des œuvres à profusion, et puis une institution. Il faut de l'argent public, une institution qui garantisse la valeur de ces œuvres, qui se porte garant. Ce qui fait que François Pinault, il ne va pas mettre 80 000 euros sur deux bouts de moquette s'il n'est pas certain que l'État est là derrière pour garantir ses bouts de moquette, il n'est pas idiot.
[...]
Il [François Pinault] a tout compris, qu'est-ce que tu veux qu'il fasse avec des Vélasquez ou des Michel-Ange? C'est impossible, il n'y en a pas assez! En 2007 chez Sotheby's, il y a un Vélasquez qui s'est vendu 12 millions de dollars, et à la même vente, il y a un Damien Hirst, une armoire à glaces, une petite armoire avec des pilules à l'intérieur de toutes les couleurs, qui s'est vendue 13 millions de dollars, ça s'est vendu plus cher que le Vélasquez. À partir de ce moment-là, on bascule, il y a un seuil qui est passé.
Franck Lepage
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire