Ce sont des vies improbables, de celles dont on ne parle pas et que les services sociaux, peut-être lassés de tant d'impuissance, n'aiment guère étaler. Depuis le début de la semaine, Lætitia et ses quatre enfants âgés de 16 à 10 ans dont la petite dernière, 8 mois, vivent dans un mobile home aux vitres cassées, posé sur un terrain perdu entre Eguilles et Aix.
Laetita touche les allocations familiales ; son compagnon, père du bébé, travaille dans une entreprise du bâtiment du Puy Sainte-Réparade et il gagne un petit salaire disons, convenable.
Leur appartement dans le centre des Pennes-Mirabeau était un peu petit et puis, 750 € pour un T2, il n'était pas donné. Une amie de sa mère leur avait proposé une maisonnette, un peu moins chère, plus vaste, côté Gavotte. Les propres locataires de cette dernière sont partis du jour au lendemain et Lætitia, avec les allocs, assure : "des impayés de loyers, jamais".
400 € dans un mobile-home
La jeune femme s'est fait licencier du resto qui l'employait. Le nouveau-né a été gravement malade à la naissance et des interventions chirurgicales se sont avérées nécessaires. "Pas trop la tête à faire la plonge", reconnaît-elle d'une voix douce.
Le bail est signé, elle pose un préavis de son appartement. Sauf qu'une jeune femme et sa gamine de quatre ans se sont installées dans la maisonnette désirée. "On attend la décision du tribunal, reconnaît la propriétaire, une histoire de fou. Je ne sais d'où sort cette fille, si elle sous-loue ou quoi à mes anciens locataires, mais me voilà obligée de prendre un avocat, un huissier, et moi-même, je n'ai plus le droit de mettre un pied dans mon bien". La décision pourrait tomber aux alentours du 20 mai et ce n'est pas pour autant que les lieux seront libérés illico.
Lætitia aurait dû emménager en janvier. Au lieu de quoi, elle a subi dans l'appartement du vieux Pennes des éboulements il y a quelques semaines qui ont conduit la municipalité à prendre un arrêté de péril imminent, condamnant une partie du site. Coup de tête ou nécessité, de guerre lasse, elle a investi le peu d'argent de côté - 400 € -dans un mobile-home acheté sur un internet, un équipement délétère que son compagnon a tenté de retaper au mieux.
"10 m² à cinq, c'est pas terrible"
"La nuit dernière, on a eu froid, très froid, avoue Lætitia, on a sorti les matelas pour les garçons. 10 m² à cinq, c'est pas terrible. Et pour l'eau, c'est compliqué..." Encore ont-ils eu "beaucoup de chance", nous dit-elle sans rire. Sur internet, toujours, ils ont trouvé un gentil propriétaire, ému par la situation de la petite famille, qui a accepté de leur prêter un bout de terrain. Moyennant quelques centaines d'euros...
Contactée, la mairie des Pennes-Mirabeau a reconnu n'avoir connaissance que depuis peu de la situation. Une assistante sociale du conseil général aurait été en contact avec Lætitia il y a quelque temps mais elle n'est jamais venue remplir le dossier nécessaire pour obtenir un logement social. Le souci étant d'obtenir un logement... d'urgence provisoire. Lundi, la mairie nous a assuré que des solutions pourraient être trouvées. Hasard du calendrier, ce 1er mai, Lætitia était reçue en mairie pour remplir un dossier.
"Il va y en avoir pour des semaines, voire des mois d'attente, s'indigne la jeune femme.
Découvrant le contenu du colis de Noël remis : du chocolat, des papillotes, et deux bouteilles de vin. Pour les enfants, du vin, parfait comme ça dépanne..."
Source : La Provence
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