Que le moindre clocher sonne le glas d’alarmes,
Que chacun sous son toit se dresse avec ses armes,
Que tout hameau lointain vierge de l’étranger,
Coure au-devant du flot qui veut nous submerger
Que tout homme jaloux d’une sœur, d’une femme,
Ayant à lui son champ et sa fierté dans l’âme ;
Que tout chef d’une race et tout enfant pieux,
Qui sait sous quel gazon reposent ses aïeux,
Jurant de recouvrer cette place usurpée,
Frappe un coup de sa faux s’il manque d’une épée.
Et, certes, nous verrons ces torrents d’ennemis,
Des villes et des bourgs promptement revomis,
Et nous redeviendrons, d’insultés que nous sommes,
Libres, maîtres chez nous, comme il sied à des hommes.
Aimez la France
Si vous voulez dans votre cœur,
Quand mes os seront sous la terre,
Sauver ce que j’eus de meilleur,
Gardez mon âme tout entière.
Aimez, sans vous lasser jamais,
Sans perdre un seul jour d’espérance,
Aimez-la comme je l’aimais,
Aimez la France.
Servez-la dans l’obscurité.
Avec la même idolâtrie ;
Arrière toute vanité,
Et gloire à toi, sainte patrie !
Votre honneur, amis, c’est le sien
Humbles soldats de sa querelle,
Souffrez sans lui demander rien
Souffrez pour elle !
Vous tenez d’elle et des aïeux,
De ce gand passé qu’on envie,
Vos mœurs, votre esprit et vos dieux,
Vous lui devez plus que la vie.
Ne marchandez pas votre sang,
Afin de la rendre immortelle…
Au premier rang, au dernier rang,
Mourez pour elle.
Victor de Laprade (1812-1884)
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